Chapitre 2 / L'Affaire Sonigo

Crise du néodarwinisme et théories opportunistes

 

« Dans la période post-darwinienne, la plus grande partie des biologistes du monde, au lieu de continuer à développer la doctrine de Darwin, firent tout pour dégrader le darwinisme, pour en étouffer la base scientifique. L’illustration la plus éclatante de cette dégradation est donnée par A.Weismann, G.Mendel, T.Morgan, fondateurs de la génétique réactionnaire moderne. » Rapport de Trofim Lyssenko à l’académie Lénine, session de 1948

 

La crise de la génétique est plus profonde qu’on ne le croit. C’est bien sûr la pratique scientifique actuelle qui, contre son gré, la met cruellement en lumière en multipliant les problèmes techniques et les incohérences théoriques. C’est aussi, parallèlement, la résurrection d’anciens courants radicaux dans l’arène des théoriciens de l’évolution (idéalistes radicaux mais aussi matérialistes !) : Le jeune règne des idéologies « soft » semble toucher à sa fin…

Le caractère très modéré du néodarwinisme actuel résulte d’une contradiction profonde ; D’un côté nous assistons à un affaiblissement et un assouplissement relatif, une subite humilité de la vulgate mendélo-morganiste face à ses multiples échecs techniques depuis les années quatre-vingt dix. De l’autre, nous la voyons adopter une stratégie très en vogue (au delà même du champ de la science !), l’éclectisme, qui vise à absorber, en minimisant les sujets de discorde et souvent contre leur gré, les différents contradicteurs anti-néodarwiniens (on démontrera précisément comment cette stratégie opère dans le chapitre 7) : Finalement, il y a un peu de vrai dans toutes les théories dissidentes ! Transformons la forme de notre credo néodarwinien « grâce à elles » (quel bel exemple de « démocratie » et de « tolérance » scientifique !) du moment que son contenu ne change pas ! En ce qui concerne les théories trop rétives qui occupent le terrain de l’épistémologie pour attaquer notre façon de voir les choses, on peut toujours les accuser de faire de la métaphysique ou de tomber dans le dogmatisme !

Lutte défensive à deux volets : La théorie dominante attaquera une dissidence naissante en l’accusant 1) de mener une lutte idéologique masquée, hypocrite, religieuse, marxiste, … d’être donc « intolérante » vis à vis des dominants ! 2) d’avancer trop peu d’arguments concrets à l’appui des nouveaux concepts (en somme d’être trop jeune !!) pour justifier une telle arrogance…

Idéologie « soft », tolérance, démocratie, éclectisme… Tels sont les séduisants mots d’ordre de la lutte idéologique : Bien sûr, nous nous heurtons à des résistances techniques, théoriques ! Mais nous restons partisans de la théorie « la moins pire » !!

Seulement cette stratégie n’a qu’un temps… face à des théories qui possèdent des arguments solides, objectifs ! Celle de Pierre Sonigo et Jean-Jacques Kupiec en est la plus emblématique, ceci pour deux raisons : 1) Elle propose une vision profondément nouvelle de la théorie de l’hérédité, se réclamant de Darwin contre le néodarwinisme. 2) Elle combat radicalement le noyau idéaliste et métaphysique de ce néodarwinisme. Indéniablement, Sonigo et Kupiec incarnent le camp le plus matérialiste dans le débat évolutionniste actuel. C’est à ce titre que nous examinerons leur théorie avec une attention toute particulière…

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